La douceur

 

 

 


 

 

 A la traîne de ce petit climat du matin

Suit l'étonnement d'essuyer soudain

L'apaisement des molécules 

 Revenues enfin à leur forme humaine

Comme un gant soyeux sur le chaos des songes

Le léger effleurement d'un air qui se donne

Tout entier occupé à l'absence de combat

Une tiédeur, un appui

Sur l'harmonie des peaux et de la vapeur d'eau

Généreuse sans plus

La nostalgie fugace

D'une concordance

Parfaite ou presque

 

 

 

Août 2022

 

 

 



 

 

 

 

 

 

 

Quatrième jour du deuxième mois


















A bas bruit et plus gentiment encore
Quand tu apparaitras
Aussi imprévu sois-tu 
Je t'applaudirai
Relance
Des esquisses
Des errances
Des effacements
De l'attendue défaite
Et de ses mots absents
Pourras-tu de ta seule présence
Impressionner les lézards
Qui me guettent
L'aplomb de mon goût pour l'insonorité
Sauras-tu le subir 
Me donnant de ta voix
Arrimant à tes doigts
Quelques-uns de mes travers
 Presque tous tes soupirs
Et mieux encore
Sauras-tu m'étonner
Une seule fois
M'apprendre à faire le beau
Sans y prêter garde
Me rendre lente enfin
Quand tu apparaitras
Je ne chantonnerai pas
Voulant aduler encore les reliquats
D'une aisance à nider contre tes bras
J'y serai 






Décembre 2019







Tombée du jour










Léger malaise
Ma laisse pend
Il y aura
Le soir
Peu de promenades
Plus de serments lunaires
Prête à l'attache pourtant
 Lancer sur le champs les deux jambes
Encore, et le corps
Et le corps
Attifé par les aises
Qu'on prendrait et les airs
Qu'on se donne à force
Le retour de l'homme
En somme à la case
Prête aux départs alléchants
Et le soupir revêche
Les soubresauts agiles
Des idylles les chants
Prête à tout achoppement
Aux longues patiences aussi
Mise en brèche
La chape du silence d'airain
S'achemine vers mes hanches
Se frayant dans le dos
Un chemin
Une inoffensive offrande
Et des châles
 A poser sur l'épaule
De celui qui s'échappe



Novembre 2018









Outdated






Une sorte de cadeau
Offert par un adulateur mystérieux
La grâce de n'avoir plus à décompter le temps
Nommer les jours
Plus à épingler les jours ni le temps
Enfin
Décontaminée des éphémérides
L'effet d'évanescence qui s'ensuit
Immédiatement
L'effet d'inhalation
Un gaz aux propriétés rédimantes
L'effet astringent d'une désimplication
La grâce de pouvoir
Enfin
Ne mastiquer que la sève
Réchauffée en veux-tu en voilà dans les paumes
Accrochée juste aux contours
Et se nourrir, il le faut
Mais à la source de l'incertain
Préparant avec la vigueur
Des grandes enjambées
Le saut dans l'éternité
En commençant par ne plus devoir
Enfin
Quel jour on est savoir
Ni quelle heure
Ni quelle heure









Juillet 2018










 




L'Impasse









Toujours plus lent sur le circuit des appétits
Le vieux traverse le guet, accroché à la rampe
On lui a dit : c'est fait
Il a donné sa pulpe
Reste sa peau
Et que faire avec
Dans l'insignifiance
Du jour comme un spectacle
Il s'est glissé, le vieux
Sous les formes potelées de ses descendances
Lâchant la clef
Sans chercher
Il sait, demain sera fait
Il marche à travers sa vie
Tenu aux dos des passés successifs
A peine conscient
Derrière son corps s'émiettant
D'être touché  
Par les signes
D'une ostéoporose de l'âme









Mars 2018





Aride
















Il faut rester assise
Frôlant l'épine dorsale
Aux brumes de sable 
L'oreille encore vive
Le cou tendu
La vacance autour
Dedans
La cohabitation des lézards 
Les précipitations ont vidé l'espace
Il y résonne les tonalités particulières à la survie
Qui se passe sous silence 
Le Taklamakan vibre de la splendeur
Des oeuvres inachevées 
Sur ses bords  on a découvert quelques pièges
Ils se sont refermés sur les soirs
Puis sur les nuits
Et au matin 
Ont brusquement lâché le lest de l'attente
Le dégazage des soupirs
Permet un envol passable
Et là
C'est fini
Avouer
Le pathétique des visions défaites 









Février 2018


























Le regard de Fanon











Ce fût un long apprentissage
Âpre aux rêvasseries souvent
Au début
Quand la bonne mesure du poids de leurs regards
N'avait pas été prise encore
Et que je rebondissais sur ce qu'ils toisaient
De moi
Et, mais moins
Moi d'eux
Ce fût un lent rétrécissement
De cet espace
Où grillaient les écarts
Les manoeuvres
D'approche
De refus
Les échanges crépitants des signes
La déflagration des rencontres
Possibles
Ou non
Je dus apprendre à m'oublier
A ne plus avancer à l'ombre électrifiée
De leur envie
A trouver en amont des dunes
Des abris
Des plis soyeux où ne plus être
Sauf à l'être sans condition
Il déjeune là-bas
Tournant la tête
Me vient comme un appel
Le regard de Franz Fanon
Je voudrais bien qu'encore
Ma parure me soit fidèle
Qu'encore soit aisée ma reconnaissance
Pour ne pas avoir à penser
Aux séductions possibles
Qui volent dans la poussière
De son dos qui s'en va 








Août 2017








Lingeries






















Culottes
Brassières, soutien-gorge laconiques
Sous l'eau du lessivage
Offrandes muettes au dieu des commissures
Tous ces tours d'une magie approximative
Répétés avec une presque ferveur
Dédiés, le temps qu'il faut
Et l'application
A m'étonner moi-même
De dentelles
Juste assez, c'était le but
Mais d'ici-là que de jambages
Et de suggestibles tracas
T'en mettre
Plein
La vue et ailleurs
Pour m'immoler ensuite
Tout à fait chaude aux hanches
Mais secrète
Un truc
Entre tes mains et toi 
Des paquets de silence
Dans des boîtes en carton
Qui soupirent encore quand je les presse
De dire dans quel temps ils sont
Du passé bien lacé
Des cuisses qui présageaient
Et se voilaient de peu
Juste pour que tu le saches
J'adorais les vertus
Cachées sous ces satineries
Leur pudeur et leur crime
De se savoir vaincues
Avant d'avoir compris
Le tout me pend au nez
Vieilli, peut-être terne
Où je glissais ma  langue
Qui t'apprenait
En me déshabillant tout bas







Août 2017









Anthropophobe











Sur tout le corps
Les écailles huileuses
Qui m'indiquaient le Nord
Ont
Une à une
Partout
Sur tout le corps
Craqué
Cornée à vif
Je cherche
Dans les pupilles de mes pairs
Un peu des éclats
Que les moments de foi
La duplicité du vouloir
Avaient réverbérés
Quand en les observant
Je m'absorbais
Je cherche
Partout
Je cherche
Jusqu'à la sensation
A peine évanescente
D'une vraie nausée
Une défaite
Entérinée
La coupure visible aux poignets
Qui nous liait
De ma scission
Je n'en suis plus
Je reconnais
Au-delà de leurs ventres
Gonflés
Les horizons
Fermés 
Par l'étrange apareunie
Venue me clore
Jusqu'à l'engorgement
Plus de passage
Vers l'entendement 
Partout
Je les régurgite
Plus ou moins
Un à un









Août 2017







L'aide




















Dis-moi que c'est un moment qui passe
Ce droit fil vers l'uniforme et le mal
Devenu un axiome au banc des biologies
Avant que plus jamais
Ici, là, pareil, je ne me sente
Encore chez moi
Étrangère aux bruits de mes frères
Hébétée autant qu'eux par ce qu'ils deviennent
Que je guette aux détours
Avant que plus aucun ne sache ce qu'était l'angoisse
Et l'ivresse et l'ambivalence et le sol laqué des idées
Anéantis-moi dans cette impasse où tu te perds
Qui me laissait encore l'envie
De serrer de l'ennui dans les paumes
Que tu m'aurais offert
Ton ennui, bien plaqué aux lieux des tatouages
Ton ennui comme la seule marque indescriptible
Le luxe d'une vie qui se chercherait, d'abord












Juillet 2017












Peaux Mortes









Assise presque à tes côtés
Nous nous veillons nuit et jour
Seul partenaire de mes questions secrètes
Ma limite
Corps inconnu
Le moindre grincement
Le moindre pli
Et tu te sépares de mes futilités
Pour mener à bien vaille que vaille
Tes tâches encombrantes
Petit frère
Bien aimé
Présence de ma présence
La seule trace qui fondra dans la glaise
Engagé tout entier dans la cause perdue d'avance
Je te palpe et te berce
Je te secoue et te perce
Parfois allié et ennemi
Mon étrange
Je suis installée pour un temps
Dans ton usine machiavélique
Et n'y suis reine que le dimanche
Quand je crois pouvoir mener à bien
Mes rêves infantiles d'incognito
Sans que tu t'éveilles
Avec la force démesurée des bactéries par milliards
Et la bruyante fébrilité des synapses
Perdus l'un pour l'autre
Dans ce qui s'ignore de ce qui nous lie







Avril 2017